Avant, j’étais professionnelle dans le domaine de la petite enfance, je travaillais en crèche, halte-garderie, multi-accueil… Je passais ma journée avec les enfants qui venaient en crèche et le soir je rentrais chez moi. Et depuis maintenant deux mois [j’ai écris ce message il y a quatre mois], je suis devenue maman, je passe la journée avec ma fille, « mon enfant » (et plus ceux des autres).
Je suis donc passée d’un statut de professionnelle à un statut de maman. Je souhaite aujourd’hui revenir sur les changements que cela a engendré en moi et chez moi.
Avant je travaillais en crèche et:
★ j’appelais les enfants par leur prénom et non pas par des petits surnoms/diminutifs du genre « lulu », « nono »…
★ et encore moins par des « mon petit chéri », « mes z’amours », » ma puce », « mon préféré » (si si, ça je l’ai entendu en crèche)
Je considérais que les petits « noms d’amour » et autres surnoms appartenaient aux parents et à la sphère familiale. L’enfant a un prénom, qui a été donné par ses parents, et nous nous devons (de mon point de vue en tout cas) de l’appeler par ce prénom. C’est le respecter, lui, son identité et lui apprendre à se construire en tant que « Lucien » et non « lulu ». Mais ce qui me gêne encore plus sont les « mon/ma » qui marquent une appartenance mal placée et inadaptée à notre role de professionnel. L’enfant a un prénom qui l’identifie, à nous, professionnels de l’appeler ainsi et « puis c’est tout »! Ce discours n’engage que moi, je le reprécise quand même.
★ Je connaissais assez bien le développement de l’enfant. Je l’ai « étudié » durant mon master de psychologie (même si je n’ai pas retenu grand chose de précis, j’y ai appris beaucoup de choses), avec mon CAP petite enfance (bon, là, la théorie était simple et limitée), avec mon diplome d’EJE (Educateurs de Jeunes Enfants) et avec mon expérience au quotidien.
★ Je faisais bien attention de parler de moi à la première personne « JE vais te changer la couche », « JE…. » . Juste dit comme ça, ça fait un peu « moi je » mais ce n’est pas le message que je veux passer. Je fais référence au fait de s’engager directement dans ce que l’on dit, prendre part en tant que personne et non pas parler de soi à la troisième personne, comme si nous étions quelqu’un d’autre.
J’avoue qu’il m’arrivait parfois de « merdouiller » et de faire un « on va se coucher »… Mais j’y reste attentive et vigilante quitte à redire ma phrase à l’enfant « je vais te coucher et tu vas te reposer ».
★ Je savais porter les enfants, être douce et attentionnée.
★Je ne laissais jamais un enfant seul sur la table de change.
Mais tout cela, c’était avant, lorsque je travaillais et que j’étais « professionnelle de la petite enfance ».
Et maintenant je suis maman et:
★ J’appelle très souvent ma fille par des petits noms d’amour comme « Petit paquet » (oui, c’est un petit nom d’amour pour moi, Misha étant mon « Petit Paquet d’amour ») et en y apposant parfois même une petite touche appartenance « Ma Chérie »…
Mais j’en ai très vite pris conscience, m’inquiétant parfois même de l’appeler plus ainsi que par son prénom. J’essaie maintenant d’y être plus attentive, m’autorisant quand même des petits surnoms parce qu’en tant que maman j’aime bien ça! En fait, je ne suis pas totalement « contre » le positionnement et le discours que je tenais en tant que professionnelle puisque je considérais que cela appartenait aux parents d’appeler ainsi leurs enfants. Misha est MA (appartenance) fille, je ne suis pas une professionnelle avec elle mais une maman. Mais je souhaite quand même faire attention et l’appeler par son joli prénom que nous lui avons choisi.
★ Je suis devenue complètement amnésique sur le développement de l’enfant! Déjà pendant ma grossesse, cela m’avait fait pareil (et j’ai pourtant vu tout le développement de l’embryon/foetus en psycho avec même toutes les étapes du développement du cerveau). Je ne sais donc plus vers quel âge arrive les dents/se développe la vue/babille/… Je ne sais plus rien et je suis complétement perdue avec des « c’est nomal ça? » ou « elle ne devrait pas…/elle fait déjà ça..? »! Et ça a commencé dès sa naissance: « est-ce que c’est normal qu’elle dorme autant? Les bébés dorment autant? », « elle ne pleure pas beaucoup, c’est normal? »…
Alors je demande autour de moi l’avis et l’expérience de chacun…
★ Je parle de moi à Misha en utilisant la troisième personne. Le fait de devenir maman m’a rendue complètement neuneu non? « Maman va te laver », « Maman te lit une histoire? »… Est-ce pour prendre conscience que je suis maman? Non, je ne crois pas! 🙂 Mais j’essaie de faire attention, parlant de moi en tant que « je », m’incluant directement dans ce que je dis! Quand on parle entre adulte, on ne dit pas « Rosa va … » pour parler de soi, alors faisons pareil avec les enfants! Du coup, ce point là, j’essaie vraiment d’y faire attention.
★ Alors non, je ne suis pas devenue une brute ou maltraitante! Vous l’avez pensé plus haut en le lisant non? Mais je me rends compte que je suis parfois un peu maladroite et pas très « douce » dans mes gestes! Mais j’y suis attentive et essaye d’être plus douce!
De plus, nous continuons à prendre des « cours d’hapto ». Je trouve cela toujours aussi intéressant et utile. Elle nous conseille sur la manière de porter les bébés, comment les retourner, les prendre… Je trouve que c’est vraiment utile en tant que maman mais aussi en tant que professionnelle! Je partage ainsi tous mes nouveaux « tuyaux » avec mes collègues EJE/Copine!
★ Et oui, je l’avoue, il m’arrive de laisser seule Misha sur sa table à langer…. Je sens que je vais me faire lincher, voire même que quelqu’un va appeler la PMI pour faire une « information préoccupante »! Mais actuellement, Misha ne se retourne pas encore et ne bouge pas assez pour « tomber de la table en 30 secondes ». Parce que oui, quand je l’habille et que je lui ai choisi un vêtement qui ne lui va pas, je la laisse sur sa table à langer de sa chambre et je vais dans son armoire chercher autre chose (la table à langer et son armoire étant dans sa chambre). Ca, en tant que professionnelle, je ne le faisais et ferais jamais! (bah oui, on n’a pas d’armoire dans les salles de change)! Non, sans rire, je ne laisse jamais un enfant seul sur sa table à langer, laissant même toujours une main sur lui quand je dois me retourner. Enfin, ce point là, c’était avant, avant qu’elle commence à bouger des jambes (bien qu’elle ne se retourne toujours pas). Maintenant, je la prends dans mes bras et nous allons ensemble choisir ses jolis vêtements!
[Petite précision, j’avais écris cet article en septembre, quand Misha avait 2 mois!]
Mais bon, être maman, ce n’est pas un métier, ce n’est pas « être professionnel », je n’exerce pas un métier! Là, j’écoute mon coeur, j’écoute ma fille et je fais au feeling. Du moment que je ne la mets pas en danger (oui, à ce moment précis, vous repensez au coup de la table à langer), que je la respecte et l’accompagne dans sa vie, ça le fait non?
J’ai cherché une photo qui pouvait illuster ce message, en vain. J’ai donc choisi une photo faite aux vacances de noël lorsque les deux zouzous ont dormi chez nous. Avec trois zous sur la même photo, ça donne un petit air de « crèche » non?
(et avec la poupée d’Aïko, on pourrait presque croire qu’il y a un autre bébé)
♥♥♥