Lorsque Misha est née, rien de s’est passé comme prévu. Et même si je sais que c’est « jamais comme on le prévoit », cela a été vraiment dur pour moi d’être séparée de ma fille durant ses 4 premiers jours de vie. Je ne vais pas vous re-raconter tout mon accouchement, si ça vous dit, je l’ai raconté ici puis là.
Avant d’être enceinte, allaiter était pour moi une évidence. Je savais que j’allaiterais mon enfant! Une fois enceinte, ma décision n’avait aucunement changé et elle était partagée avec Juju.
Et puis est venu le jour-J, celui de ma césarienne. La vieille, j’apprenais qu’une fois la césarienne faite, je retournerais en réa et Misha ne serait donc pas avec moi. Je n’avais qu’un discours « je veux être avec ma fille et je veux allaiter ». Tout le monde avait beau essayer de me rassurer « mais oui vous pourrez l’allaiter », je n’étais pas rassurée pour autant, bien consciente que les premières heures et les premiers jours étaient les plus importants pour mettre en place l’allaitement. Mais c’était comme ça et je n’avais pas le choix il en allait vaguement de ma santé (qui pour moi, n’avait aucune mais alors aucune importance!).
Misha est donc née, l’obstétricienne l’a sortie de mon ventre puis on est venu me la présenter quelques courtes secondes. Voilà, ma fille était née et a passé ses premières 1h30 en peau à peau avec son Papa pendant que l’on finissait mon opération.
Et puis, j’ai enfin pu retrouver ma fille en salle de réveil. On me l’installe en peau à peau contre moi, contre ma poitrine. L’équipe sait que je veux l’allaiter (je te rappelle que je suis en boucle la dessus et que « je ne veux pas être séparée de ma fille »), une auxiliaire vient me voir en me disant « alors, elle a pris le sein? ». Non, Misha ne prend pas le sein, Misha me parait épuisée, je n’ai eu qu’une seule contraction qui a duré de la veille l’après-midi à ma césarienne!
Je n’exagère à peine mais je pense qu’elle a souffert et qu’elle doit être épuisée. J’explique qu’elle n’a pas envie pour le moment et qu’elle parait fatiguée. Pour le moment, je profite de chaque instant où je sens sa peau contre la mienne. J’aimerai qu’elle téte mais je ne veux pas la brusquer, j’aimerai que ça vienne d’elle si elle en a envie et en même temps, on n’a que deux heures devant nous avant d’être séparées.
L’auxiliaire revient et me dit qu’il faut la mettre au sein (elle est déjà en peau à peau contre mes seins), elle prend Misha est lui colle la bouche contre mon sein. Elle essaye de lui ouvrir la peau et lui fourre mon sein dans la bouche. Misha ne veut pas et surtout, je ne veux pas que ça se passe comme ça. Je dis que ce n’est pas grave (même si je ne le pense pas!). Un peu après Misha ouvre sa bouche sur mon sein mais elle ne le prendra pas vraiment.
Puis vient le moment de la séparation, dans les larmes pour ma part. Je lui explique comme je peux puisque j’ai du mal à parler entre deux sanglots. Mais Juju lui explique et reste avec elle en néonat’. La-bas, elle prendra des biberons de lait tout près en bouteille en verre stérile, les premiers à la pipette et très vite, elle passe avec une tétine qui lui fait dégouliner le lait à une vitesse qui m’impressionnera et me stressera!
Une fois que je suis retournée en réa, l’équipe est super et s’est occupée d’aller me chercher un tire-lait. Elles se sont renseignées sur le nombre de fois qu’il fallait que je tire mon lait, sur comment… Je me sens soutenue mais c’est dur. Les premières gouttes de mon lait sortent parce qu’une machine me les aspire et finissent dans un biberon. Je ne peux pas garder mon lait puisqu’ils m’ont mis des médicaments en perfusion et personne n’est capable de me dire si Misha peut le prendre.
Durant ces 4 premiers jours, je suis en service réanimation. Puis en médecine interne pendant que Misha passe ses journées avec son Papa. Une auxiliaire m’amène Misha une fois par jour pendant 1h/1h30. Elle m’aide à chaque fois à l’installer en peau à peau contre moi. Un jour, elle cherche à prendre mon sein mais je ne peux malheureusement pas la laisser encore. J’ai l’occasion de lui donner un biberon le temps d’une visite et j’ai le coeur fendu. Ce lait artificiel qui lui coule dans sa bouche et en dehors tellement ça coule tout seul me renvoit mon incapacité d’être mère, mon incapacité de m’occuper de ma fille dès sa naissance et mon incapacité à la nourrir alors que je le voudrais.
Le tire-lait, je ne le supporte plus, je n’aime pas son bruit qui résonne dans ma chambre bien vide.
Et puis, Misha a eu 4 jours et en fin de journée, nous avons enfin pu être ensemble, dans une chambre du service maternité, comme toutes les mamans qui viennent d’accoucher. J’ai aussi eu le droit d’allaiter Misha, personne n’a su clairement me dire si oui ou non le médicament que j’avais pris était contre-indiqué avec l’allaitement. Mais ça y est, je peux enfin essayer de l’allaiter.
Mais j’ai tellement peur. Tellement peur qu’elle n’ait pas la force ni l’envie de prendre mon sein. Elle ne me connait pas vraiment malgré nos 5-6 heures passées ensemble durant ses 4 premiers jours. Les premières heures, je ne sais pas trop comment m’y prendre avec Misha, je ne sais pas que faire quand elle pleure et je redoute un peu LE moment où je verrais si elle va accepter le sein ou non… Elle est en peau à peau contre moi et peu à peu, elle prend mon sein.
Elle téte, ça y est, elle téte!! Je pleure et je découvre ce que c’est d’allaiter. Misha a compris que c’était important pour moi et je crois que ça l’était aussi pour elle. Et même si les premières tétées se sont mises en place tout doucement, j’ai été soutenue par des auxiliaires. Et surtout par une sage-femme super (elle-même maman allaitante de sa petite puce de 8 mois). Je me sens heureuse et je me sens mère. Ca ne compensera pas les 4 jours de séparation mais cela m’aide à aller de l’avant.
La motivation pour allaiter Misha, je l’avais et encore plus quand nous avons été séparées. C’est la chose qui m’a fait tenir quand j’étais loin de Misha « la retrouver et pouvoir l’allaiter ». J’ai toujours été épaulée par les différentes équipes (en réa, en médecine internet et en maternité). Principalement par des professionnelles « mamans qui ont allaité ».
Je savais que les premières tétées post-naissance étaient les plus importantes. Elles permettent à l’allaitement de se mettre en place plus facilement. Et bien, j’ai épaté beaucoup de monde en arrivant à mettre en place notre allaitement aussi « facilement » après le 4ème de naissance de Misha. Bon, le premier mois a été très douloureux mais nous nous sommes accrochées et ensuite l’allaitement a « roulé comme sur des roulettes« !
J’ai envie de dire que si on souhaite allaiter et que l’on rencontre des difficultés, il faut s’accrocher et surtout arriver à s’entourer des bonnes personnes, compétentes et qui s’y connaissent vraiment en allaitement. Il faut arriver à se faire confiance mais aussi et surtout à avoir confiance en son bébé!!
Une des magnifiques photos de Misha qui téte, prises par Suzanne L. Photographie en juin dernier.
Misha avait 10 mois et demi.

Cette semaine, c’est la SMAM: Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel. Je n’ai pas prévu de vous faire des articles sur l’allaitement toute la semaine. J’avais juste envie de vous parler de notre allaitement. Oui, on peut mettre un allaitement en place plus « tardivement ». J’ai aussi envie de vous parler de notre fin d’allaitement qui arrive tout doucement!
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