Misha et Manolo sont accompagnés au quotidien en motricité libre. Et en ce moment sur instagram, je poste souvent de petites vidéos de Manolo qui se déplace. Et certaines personnes se posent des questions et me posent des questions sur la motricité libre. De même que lorsque l’on sort, les personnes nous font souvent des remarques sur le fait que Manolo est très à l’aise dans son corps. Une maman m’a même dit « vous le posez toujours allongé j’ai l’impression?! »… l’occasion de répondre à sa question en parlant de motricité libre.
Mais la motricité libre qu’est ce que c’est?
Un terme un peu compliqué pour au final définir une façon simple, naturelle et respectueuse pour accompagner son bébé/enfant au quotidien. C’est tout simplement le fait de laisser son enfant découvrir son corps par lui-même.
Naturellement l’enfant est capable d’apprendre à marcher seul, à se retourner seul, s’asseoir seul… Je trouve que c’est bien de le rappeler parce que j’ai l’impression qu’on l’oublie un peu trop parfois! En fait, si on laisse à l’enfant la possibilité de découvrir son corps à son rythme, il va pouvoir développer toutes ses capacités et compétences et ainsi découvrir tout ce que son corps lui permet de faire (se retourner, s’asseoir, se déplacer, marcher et pleins d’autres choses encore).
Et alors, qu’est ce qu’on doit faire et qu’est ce qu’on ne doit pas faire?
Pour résumer, on pose le bébé allongé sur le dos sur un tapis. Et c’est lui qui va apprendre, découvrir et se mettre dans les différentes positions, tout au long de son développement. Il se mettra sur le dos, assis, à ramper, à quatre pattes, debout puis marchera quand il sera prêt et qu’il le fera lui. Donc ce que l’on ne fait pas: mettre l’enfant dans une position dont il ne sait pas se mettre seul.
Pour accompagner l’enfant en motricité libre on a besoin de quoi?
De pas grand chose en fait: simplement un tapis pour poser l’enfant allongé! Puisque pour le laisser découvrir les choses par lui-même, il suffit de le poser dans la position qu’il connait et maitrise: allongé sur le dos.
Pas besoin de coussins ou cales spécifiques pour tenir l’enfant assis, ni de transat qui vont l’empêcher de découvrir les choses par lui-même.
Et au quotidien, comment ça se passe pour les temps d’éveils?
Dès tout bébé, quand l’enfant est dans une phase d’éveil calme, on l’installe simplement sur le tapis, allongé sur le dos. Au début, le bébé va découvrir son corps (ses mains, les faire bouger, se les attraper, ses pieds, ses jambes) puis découvrir ce qu’il l’entoure.
Parfois on a l’impression qu’il ne se passe rien, que l’enfant s’embête ou ne fait rien mais il se passe déjà plein de choses dans sa tête et dans son corps qui vont lui être utile dans ses apprentissages et découvertes. Il se muscle et découvre tout ce que son corps lui permet de faire. Plus tard, après avoir basculé son corps sur le côté il va réussir à se retourner sur le ventre. Parfois, dans un premier temps, une fois qu’il est sur le ventre, il n’arrive pas à repasser sur le dos, s’énerve et fatigue. Dans ce cas, l’adulte peut l’aider et l’accompagner pour re-rouler sur le dos, position qu’il maitrise bien.
Puis d’étapes en étapes et quand son corps sera prêt, qu’il en aura envie et qu’il en sera capable, l’enfant va pouvoir ramper, s’asseoir, marcher à quatre pattes, se mettre debout puis marcher. Tous les enfants en motricité libre ne passent pas par toutes ses étapes mais on peut très souvent les observer. Chaque étape lui permettant de découvrir de nouvelles capacités de son corps et sera utile plus tard.
Donc pas besoin d’asseoir son enfant, il y arrivera de lui même au fur et à mesure de ses expériences et quand son corps sera assez musclé pour se soutenir. Pas besoin de lui apprendre non plus à se tenir debout. S’il ne le fait pas c’est que son corps n’est pas encore prêt et qu’il n’a pas encore la musculature nécessaire pour soutenir son poids sans forcer. Et peut être tout simplement aussi parce que l’enfant n’en a pas envie, qu’il n’en ressent pas encore le besoin ou qu’il ne se sent pas prêt.
Mais il faut lui faire confiance, tous les enfants sont capables d’apprendre à s’asseoir/marcher d’eux-même!!! 🙂
Parfois, on pense qu’ils ne font rien comme ici mais il se passe déjà plein de chose! Il se muscle les jambes et le dos, il découvre ses pieds et donc son corps…
Quels jeux l’enfant à besoin alors?
Des jeux simples! Je n’ai pas spécialement de jeux spécifiques à conseiller. Juste des petits jeux installés près de lui qui vont lui donner envie de se déplacer pour les attraper et de les manipuler pour les découvrir. Des jeux légers lorsque l’enfant est tout petit (il ne manquerait plus qu’il s’assomme!).
Après, si vous êtes intéressés, vous pouvez regarder du côté de la pédagogie Montessori qui propose des choses intéressantes.
Par contre, de mon point de vue (et parfois point de vue partager par le corps médical et autres professionnelles de la petite enfance), je trouve que certains jeux sont moins adaptés voire pas du tout adaptés! Par exemple, je n’aime pas les jeux musicaux électroniques et lumineux. Je trouve que les enfants sont dans une société où il y a déjà assez de stimulation partout autour d’eux, toute la journée, pour ne pas avoir à en rajouter.
Et je suis contre le trotteur qui certes n’a jamais tué personne (à vérifier d’ailleurs, avec les chutes dans les escaliers) mais qui va à l’encontre de la motricité libre. Si l’enfant ne sait pas encore marcher, c’est que son corps n’a pas la capacité de le faire, ses jambes ne sont pas assez musclés pour le soutenir, son dos non plus… L’enfant prendra tellement plus de plaisir à réussir à marcher par lui-même. En plus je trouve que le trotteur n’apporte aucune autonomie à l’enfant (il dépend de l’adulte pour y monter et pour en sortir). Et il apporte une image faussée à l’enfant. Il va construire son image personnelle déformée par ce carré (trotteur) qui l’entoure. Et il aura moins la notion du danger puisqu’il y a toujours le trotteur pour l’arrêter avant d’aller taper quelque chose. Bref, pour moi ce n’est pas du tout utile mais ça va surtout à l’encontre de la motricité libre (et du respect du rythme de l’enfant).
Et pour les repas?
Tant que l’enfant ne sait pas se mettre assis de lui-même, on peut lui proposer de manger assis sur nos genoux. Après, je sais que tout le monde n’est pas très à l’aise comme ça. On peut aussi proposer à manger à l’enfant dans une chaise haute dans laquelle on peut le mettre en position semi-allongée et non complètement assis. Pour Misha, on nous avait prêté une chaise qui pouvait un peu s’allonger en attendant de pouvoir utiliser notre stokke. Pour Manolo, nous avons le set newborn de Stokke et du coup, il mange dedans.
Lorsque l’enfant sait se mettre assis, on peut donc l’installer assis dans sa chaise. Personnellement, j’apprécie les chaises en bois stokke qui sont vraiment de qualité et qui peuvent se régler au niveau de l’assise (plus ou moins profonde) mais aussi du repose-pieds. Et très vite, l’enfant peut monter et descendre seul de sa chaise (et là on est vraiment dans la motricité libre puisqu’il ne dépend pas de l’adulte pour s’y installer).
Je reviens sur le fait d’asseoir l’enfant sur ses genoux. On me demande souvent « si on peut » en motricité libre. Comme tout le reste de cet article, je partage mon avis. Je pense que l’on peut asseoir un enfant sur nos genoux. Il prend appui sur nous, sur notre tonus et peut se reposer sur nous lorsqu’il en a besoin. Je trouve ça très différent que de laisser son enfant assis et calé dans des coussins. Là, nous sommes présents pour lui, nous sentons s’il a besoin d’aide pour se tenir, d’appui… Donc, personnellement, je le fais.
Et pour le sommeil?
Nous avons fait le choix de proposer des lits à nos enfants où ils peuvent s’y installer et en sortir seul. Misha et Manolo dorment donc sur des tatamis et des futons. Et avant d’avoir un lit comme ça, Misha dormait dans un lit de bébé où nous avions retiré un côté des barrières. Je trouve que ça va dans le prolongement de la motricité libre et de la confiance que l’on peu accorder à son enfant. Mais après chaque parent fait comme il se sent le plus à l’aise.
Mais en fait l’adulte il ne sert à rien?
Parfois quand on entend motricité libre (et que l’on ne connait pas), on entend et interprète « enfant roi » « laissé à lui même » « mis par terre à même le sol »… La motricité libre, c’est laissé l’enfant aller à son rythme mais c’est aussi l’accompagner dans ses découvertes. Si on pose l’enfant allongé par terre et qu’on le laisse seul, il y a de fortes chances qu’il n’apprécie pas et pleure! Il a besoin de notre présence, surtout au début. Cette présence passe par le regard que l’on pose sur l’enfant, l’observation active de ce qu’il fait. Mais aussi la présence verbale de soutient lorsqu’il en a besoin et la présence physique, en s’installant aussi près de lui.
C’est l’enfant qui fait les choses seul mais avec notre soutien, regard bienveillant et présence.
J’espère avoir pu apporter quelques éléments de réponses aux questions que vous avez pu me poser ou que vous vous posez. J’ai prévu de partager d’autres articles sur la motricité libre parce que ça me tient vraiment à coeur! En attendant, vous pouvez retrouver tous mes premiers articles sur la motricité libre ici.
Et si vous cherchez un livre sur la motricité libre, je vous conseille » De la naissance aux premiers pas » de Michèle Forestier. C’est le livre que je conseille aux parents en crèche. Il est très agréable à lire puisqu’il est très illustré.
Je tiens à rappeler, suite à certains commentaires que j’ai parfois pu avoir, je ne prétends pas détenir la science infuse ou je ne sais quoi! Je partage juste quelque chose qui me tient à coeur, que je mets aussi en pratique avec les différentes équipes avec qui j’ai pu travailler en crèche, en tant qu’éducatrice de jeunes enfants mais aussi avec mon expérience de maman qui accompagne au quotidien ses enfants en motricité libre.
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