J’ai quelques heures, je viens de naître. Ma mère a 27 ans et demi.
La naissance s’est bien passée, sans péridurale, comme ma mère le souhaitait … D’ailleurs, elle aurait préféré accoucher chez elle. Elle a donc traîné à partir de la maison, repoussant ce moment le plus tardivement possible, tandis que mon père tentait de la presser un peu. Ai-je fait la même chose pour la naissance de Manolo… c’est possible.
Je suis née en quelques minutes, ils ont d’ailleurs failli me raser la tête, avant de réaliser que non, c’était moi qui étais là. Cela aurait d’ailleurs pu mettre la puce à l’oreille à mes parents de me voir naître si vite, avec autant d’énergie et de rapidité ! C’étaient déjà les prémices d’une forme d’hyperactivité, qui m’a ensuite suivie toute ma jeunesse. Mais ça, j’ai du attendre d’être en master de psychologie pour le mettre en mot.
De ce jour, je n’ai aucun souvenir -conscient-. Juste le souvenir de cette série photo, avec ma mère, impeccablement coiffée après avoir accouché (une coiffeuse doit sûrement être impeccablement coiffée en toute circonstance) avec ses colliers et bijoux et sûrement une petite barrette.
Sur la table, deux vases avec des fleurs. C’était une époque où on pouvait encore offrir des fleurs à la maternité. Les fleurs sont de « simples » roses avec un peu de gypsophile (si je ne me trompe pas de mot). Ma mère n’a jamais aimé les bouquets bariolés ou avec plein de mélange de fleurs. Au pied des deux vases, un petit cadre en argent avec deux cœurs et deux photos de mes sœurs. Elles ont 3 ans et demi et 4 ans et demi. L’une blonde, l’autre brune.
Dans son « déshabillé », ma mère est « toute chic », loin des pyjamas en pilou et tenue ultra-confort que l’on peut choisir après avoir accouché. D’ailleurs, je pense qu’elle a choisi minutieusement ma tenue aussi. Les chaussons ont sûrement été tricotés par ma grand-mère.
Nous sommes le 25 janvier 1984.