Je me suis rendue compte la semaine dernière que ça allait faire 10 ans cette année. Quand je pense à toi, j’ai l’impression que tu étais encore avec nous hier. Souvent, je rêve de toi, tu es encore présent et parmi nous, tu es tout simplement vivant et heureux. Mais non, tu es bien parti il y a dix ans.
Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais 19 ans et nous étions en juin. Tout s’est passé si vite, je n’avais pas vraiment eu le temps de m’y préparer. Je me souviens que quelques mois auparavant, Elise, nous annonçait qu’elle était enceinte. Je crois que le jour de l’annonce, c’était toi qui était le plus enthousiaste (j’étais déjà dans la confidence depuis un ou deux mois!). Et pourtant ce n’était pas sur toi que nous aurions pu anticiper cet enthousiasme. Tu avais toujours été très réservé sur tes sentiments. Je te voyais depuis toute petite comme un ours ou plutôt un nounours. Un homme très grognon mais qui grogner juste pour la forme. Tu ne montrais jamais de grands élans d’affectivité mais tu savais nous dire que tu nous aimais, à ta façon. J’aimais me balader en te tenant la main. J’aimais partir en vacances avec toi et Mamy, j’aimais aller à la mer lorsque tu allais pêcher les poulpes. Tu ne savais pas vraiment nager et n’allait jamais où tu n’avais pas pied mais tu étais capable d’attraper des poulpes qui t’escaladaient les bras ensuite, de mettre tes grosses mains sous des rochers alors qu’on ne voyait pas ce qu’il y avait dessous (j’avais toujours peur qu’il y ait un crabe géant en fait!). J’étais fière de toi. Je me souviens aussi de ses vacances uniques que tu m’avais permis d’avoir. Nous étions partis tous les deux, seulement tous les deux, sans une de mes soeurs et même sans Mamy à Argelès. Je me baladais fièrement à tes côtés et je crois que tu étais aussi fière de moi, tu me présentais aux gens et m’amenait partout avec toi!
Tu étais donc ce Papy « grognon » qui n’aimait pas le changement et ce qui était imprévu mais tellement gentil, cherchant toujours à nous faire plaisir.
Tu avais tes expressions que j’utilise encore pour rire en repensant à toi. Souvent quand on faisait quelque chose de pas très bien, tu nous disais « je note, je note », faisant semblant d’écrire sur un carnet, en prenant une main comme un stylo et l’autre servant de calepin invisible. N’empêche que ça marchait très bien… ça me faisait peur et je faisais tout de suite ce que tu voulais! A priori tu étais très rancunier 😉 . Tu disais toujours « oh le bloc » lorsque l’on s’était faite belle. Une expression qui m’a toujours fait rire et que je ressors parfois pour rire encore! Et la dernière expression qui me fait encore beaucoup rire, c’est quand on ratait quelque chose (on cassait quelque chose, on arrivait pas à quelque chose…), tu disais « j’ai vu quand t’as fait, c’était pas bien/ J’ai vu quand t’as fait, fallait pas faire ça comme ça »… Alors qu’à mon avis, tu n’avais rien vu ou anticiper puisque sinon tu l’aurais fait. D’ailleurs, j’ai toujours cru, plus grande, qu’Eric et Ramzy t’avaient piqué cette réplique dans le film culte « La tour montparnasse infernale » quand ils jouent avec les talky-walky (pour ceux qui connaissent bien le film… et je sais qu’il y en a parmi vous!). Tu es donc toujours présent dans mon discours, avec ces trois expressions qui me font rire!
Mais voilà, sans que je ne le voie venir, peut être que je n’étais pas assez consciente à ce moment-là, peut être que j’avais tout simplement occulté des informations, peut-être que Salomé et moi (« les petites ») avions un peu été mises à l’écart tu es parti.
De ce que je me souviens, c’est en juin 2003 que ta maladie s’est déclarée officiellement. Tu étais pas très bien depuis un certain temps et quelques années auparavant, tu avais été très mal. Mais en ce début juin, tout s’est accéléré. Il me semble que la dernière fois que j’avais pu te voir, c’était fin mai ou début juin. Tu paraissais bien mais très fatigué. Puis je crois avoir entendu les mots « cancer des poumons » puis assez rapidement « cancer généralisé ». J’étais triste, je tenais tellement à toi et je n’avais pas l’impression d’avoir assez profité de toi. Et puis il y avait ce bébé qu’Elise attendait et que tu avais tellement envie de connaitre.
Mi-juin, j’ai du partir à contre-coeur à mon perfectionnement de Bafa. Je n’avais aucune envie d’y aller, j’avais envie de rester auprès de ma famille, envie de te revoir. Mais j’ai du partir cette semaine. A l’époque, je n’avais pas encore de téléphone portable et je craignais que tu partes cette semaine là sans que l’on puisse me contacter. Régulièrement je venais prendre de tes nouvelles grâce à une cabine téléphonique. Tu n’allais pas bien mais tu étais toujours là, Mamy et Freddy a tes côtés.
Puis mon stage s’est fini et je suis rentrée à la maison. J’étais sur Nantes et toi sur Tours. Les nouvelles n’étaient pas super, ta tension était bizarre et c’était même surprenant que tu ne sois pas encore parti. Le lendemain, je me souviens encore, j’étais devant la télé avec Salomé, ma petite soeur et il y a eu ce coup de fil. Tu venais de partir, tranquillement et sereinement. C’était le 22 juin 2003 et il devait être un peu plus de 21 heures.
Je te « perdais »…
Tu es parti bien trop tôt et surtout bien trop vite. Tu n’as pas connu Liam, ce petit fils que tu allais avoir, qui te rendait si fier et dont tu aimais l’annoncer sa prochaine arrivée à tes amis. J’étais triste que tu partes, triste pour Elise qui était enceinte de 5 mois, triste pour Liam que tu ne connaîtrais pas, triste de me dire que tu ne connaîtrais jamais mes enfants, triste pour Mamy qui allait se retrouver bien seule… Tout simplement triste de ne plus pouvoir t’avoir à nos côtés.
Tu n’es peut être physiquement plus là, mais je pense tout le temps à toi. Lorsque je suis en vacances à Argelès, j’ai plein de souvenirs et de manies que je tiens de toi qui resurgissent! Julien ne t’a rencontré qu’une fois ou deux mais il connait beaucoup de choses de toi par ce que je lui en raconte! Et souvent, je sors « Attention, je note, je note », mimant le calepin et le stylo de mes mains, en pensant à toi ou quand on rate quelque chose je dis avec plaisir « j’ai vu quand t’as fait, c’était pas comme ça qu’il fallait faire, j’ai vu, j’ai vu!! ».
Et aujourd’hui, cela fait 10 ans que tu es parti et j’ai un petit pincement au coeur en me disant que Misha ne t’aura jamais connu, mais je lui parlerais de toi et de ce que tu représentais pour moi. Je crois que j’ai encore du mal à faire le deuil de ton départ. Cela a d’ailleurs été très compliqué pour moi d’arriver à commencer ce processus de deuil. Tu comptais tellement pour moi…
Photo de nous deux à ma naissance (prises sur le blog familial)
♥♥♥
Je ne sais pas pourquoi mais quand je l’ai écris je croyais qu’on était le 22!!?
Sam m’a rappelé d’autres souvenirs, enfin un spécialement qui nous faisait beaucoup rire!! Quand on était sur la terrasse à Argelès et qu’il faisait coucou à… personne!! On se faisait toujours avoir et ça nous faisait rire! Je l’ai d’ailleurs parfois fait à Juju 😉
tu pourras toujours devenir écrivain! t’arrives à me faire rire et me faire pleurer en une page!
Snif !!! J’ai pleuré
Bah, quand j’ai écris cet article j’ai aussi ri et pleuré toute seule!!
Pour être écrivain, il faudra que je me trouve un super correcteur d’orthographe, de grammaire et de syntaxe! Non, je crois que je vais rester EJE!
Même sans le connaître je suis émue de lire l’hommage que tu lui rends… Le deuil n’est facile pour personne mais c’est, je pense, parfois encore un peu plus dur quand il s’agit d’une perte auquel on ne s’attendait pas réellement consciemment….
Et je voualis juste encore dire que je trouve ça beau quand la personne continue d’exister ds les anecdotes que l’on se raconte ou, dans ton cas, les expressions qui restent…:-)
Merci Noëllie!
Je pense que même après la mort, on continue vraiment d’exister dans les pensées des autres, les souvenirs, les photos, les anecdotes et les expressions (que l’on ressort en rigolant!)! Et c’est aussi ce qui permet la transmission d’une personne partie trop tôt pour rencontrer « les suivants » 😉