★ Passer du service maternité au service réa: la naissance de Misha ★

 

J’ai un petit peu de mal à revenir sur mon blog. Déjà parce que j’ai un peu moins de temps depuis que Misha est née. Mais aussi parce que j’avais envie et besoin de commencer à rééecrire par sa naissance. Mais ce n’est pas si simple d’arriver à poser les mots de ce moment qui a été si particulier et si différent de ce que l’on avait pu s’imaginer.
Nous avons passé une semaine au CHU, 8 jours plus exactement, plein de complications, de rebondissements, de désespoir, d’attentes, d’incompréhensions, de pleurs mais aussi de bonheur. Je ne sais pas trop par où commencer, il s’est passé tellement de choses… Passer du service maternité au service réa, ça n’est pas simple.

Dimanche après-midi, nous nous sommes rendus comme prévu au CHU. Nous devions rentrer au service maternité pour 17 heures. Nous sommes partis de l’appartement, avec nos nombreux sacs, j’avais l’impression de partir en vacances. En fermant la porte de l’appartement, j’ai pris conscience que la prochaine fois que je la franchirais, nous ne serions plus deux, mais trois: une famille.
Tout content, nous sommes arrivés au service maternité. J’étais attendue, j’étais « la césarienne » (je devais surement être la seule programmée pour être repérée si facilement). On nous a installé dans notre chambre. Une chambre individuelle, j’étais rassurée et soulagée. Et là, on a attendu que l’on vienne nous voir, on se regardait, sans trop savoir quoi faire, s’installer? goûter? lire le livret d’accueil…??

Une infirmière est venue me faire un monito et me prendre la tension. Ma tension était haute, mais je n’étais pas étonnée puisque depuis le mois de juin, elle montait doucement mais surement! La sage-femme qui me suivait pour mon monito hebdomadaire m’avait même parler d’une césarienne plus tôt que prévue si elle continuait à monter. J’ai eu le droit à un long monito de 45 minutes (Bébé allait bien), avec la tension qui se prennait automatiquement toutes les 5-10 minutes. Là, les choses se sont un peu accélérées, ils m’ont fait une première prise de sang. L’anesthésiste de garde est venue m’expliquer que ma tension était haute et qu’il y avait un risque de césarienne par anesthésie générale.

Ca y est, ça ne va plus, je ne vais plus bien et pleure! Ce n’était pas du tout prévu comme ça, ce n’est pas ce que l’on voulait. Cette césarienne, j’avais fini par l’accepter mais pas de cette façon. Je suis toujours sous monito et l’appareil à tension continue de me surveiller. On vient en plus me faire un électro-cardio-gramme. On patiente et attend les résultats. Juju me rassure comme il peut en me disant « qu’il n’y a pas de raison ». En effet, y’en a pas mais je ne le sens pas pour autant.

On revient nous voir pour nous dire que la prise de sang a montré que j’avais un taux de calcium très élévé. Ils me demandent si je suis au courant, si ça a déjà été vu. Non, on ne m’a jamais parlé de mon taux de calcium. Nouvelle prise de sang et de nouveau on attend, on me fait aussi de nouveau un ECG. La nouvelle tombe: je suis en hypercalcémie. Oui, mais alors? Cela peut engendrer des troubles du rythme cardiaque (que j’ai déjà à priori). Je vais être transférée en réa pour pouvoir être surveillée et je vais y passer la nuit.
Le terme de « réa » fait déjà moitié peur. Mais j’ai surtout peur pour Bébé, peur d’avoir une césarienne sous anesthésie générale, peur d’être séparée…
Une fois la décision prise par les médecins, je suis tout de suite transférée en réa, allongée dans mon lit. On laisse nos sacs dans la salle du personnel, l’anesthésiste et un interne m’amènent en réa. Avant de partir, ils m’ont aussi brancher pour surveiller mon rythme cardiaque (je suis « scoppée » comme ils disent). L’hôpital est désert en ce dimanche en fin d’aprèm, nous passons par des couloirs qu’ils ouvrent avec leurs pass. Je pleure et tremble.

Lorsque l’on arrive en réa, Juju est envoyé en salle d’attente et 5-6 personnes m’attendent. Elles sont toutes autour de moi. La question que l’on m’a beaucoup posé « vous avez froid? » (parce que je tremble très fortement), non je n’ai pas froid, c’est nerveux. On me met dans une chambre, des personnes me déshabillent pour me mettre une chemise de nuit, une autre arrange mes coussins, une parle de sonde, le médecin regarde mon dossier et discute avec l’anesthésiste (je l’entends dire que je suis stressée et que je ne veux pas être séparée de mon Bébé). Toutes les personnes sont gentilles avec moi, essayent de me rassurer, mais cela est compliqué.
L’anesthésiste fini par partir en me disant que l’équipe va s’occuper de moi et me surveiller.

Me voilà donc dans cette chambre, sans fenêtre avec face à mon lit une horloge qui me permettera d’avoir une notion du temps dans la journée. Je suis « branchée » pour surveiller mon coeur, mon pouls et ma tension. On me fait une perfusion pour m’administrer du chlorure de sodium (du sérum phy), entre autre, pour diluer mon sang et faire baisser le taux de calcium.
J’ai des contractions non-stop. Une main toujours sur mon ventre, je tente de rester en contact avec Bébé. J’aimerai pouvoir la rassurer, je pense qu’elle subit les contractions si nombreuses que mon ventre ne se détend pas!
Nous ne savons pas quand va avoir lieu la césarienne. Peut être dans la nuit si mon taux baisse bien, ou demain comme prévu ou un autre jour s’il n’y a pas de changement (Bébé n’étant pas en danger). Juju passe la nuit avec moi, sur un fauteuil qui s’allonge un peu mais ça n’a rien de confortable.
Il fait si chaud, ou plutôt, j’ai très très chaud,  j’ai très soif mais je n’ai plus le droit de boire et j’ai mal au dos à cause de mes contractions. Je n’arrive à dormir. La nuit est longue, on me refait des prises de sang régulièrement. Le médecin passe une bonne demi-heure dans ma chambre, sur le bureau entre mon dossier et l’ordi, l’aide-soignante et l’infirmière sont aussi très présentes.

Le lendemain matin, mon taux de calcium a un peu baissé. Ils ne savent pas encore ce qui va se passer. Ils attendent des nouvelles de la maternité pour savoir si la césarienne aura lieu ou non. On attend. Et d’un coup on me dit qu’il faut me préparer parce que la césarienne va avoir lieu et que le samu interne va me transférer en maternité. L’aide-soignante et l’infirmière me font ma toilette, me préparent en vitesse. Au final, le samu est pris pour un autre transfert, c’est donc une équipe de réa qui va me transférer. Je suis à nouveau tremblotante (et pleurante!), nous partons (toujours en lit, sous scope et avec ma perf’) pour ma césarienne. Juju est à mes côtés, cela me rassure.
Une fois arrivé, on me fait patienter en salle de réveil (il y a déjà une maman avec son mari et son Bébé). J’ai peur, peur d’être séparée de mon Bébé. Je redis, répète que je veux allaiter et que je ne veux pas être séparée. La seule chose que l’on me répond « on va tout faire pour (l’allaitement) ».
L’anesthésiste que j’avais rencontré en juin est présente (elle ne comprend pas que ma tension soit montée si haute… en même temps, lors de notre rendez-vous, j’avais déjà 13/9). L’obstétricienne vient aussi me voir et me rassurer. Elle dit à l’équipe « je crois que le papa voulait faire du peau à peau ». Je suis contente, elle se souvient bien de moi et de notre rendez-vous où l’on en avait parlé, cela me rassure un peu.

Juju m’accompagne jusqu’à la porte et je pars en salle d’opération. Dans la salle, il y a déjà du monde, on m’installe, me rebranche pour surveiller ma tension et mon coeur, me réexplique ce qui va se passer et comment cela va se passer. On me prépare pour la rachi-anesthésie. Et voilà, il n’y a plus qu’à attendre que ça fasse effet.
Ca fait un drôle d’effet d’ailleurs. Je sens les personnes qui me touchent mais je ne sens pas les sensations. Durant la césarienne, je sens que l’on « remue » dans mon ventre, tire, bouge…

Et j’entends un pleur…Misha est née… La sage-femme vient me la présenter. Je pleure, d’émotion cette fois-ci, elle est là, devant mes yeux avec ses grands yeux ouverts, ses cheveux noirs et son teint violet. Que d’émotion, ce moment je l’attendais depuis des mois. Ma fille est née, elle est belle. J’ai le temps de la toucher un peu (mais je tremble tellement et si fort que je n’ose pas trop), de lui faire quelques bisous et la sage-femme l’amène faire ses premiers soins. Ma fille est déjà loin de moi, je ne l’entends plus. Je sais que Juju sera avec elle pour l’accueillir et l’accompagner dans ces premiers moments de vie. L’anesthésiste -qui m’avait paru très froide-, me félicite et me dit qu’elle va essayer que je reste le plus longtemps possible en salle de réveil pour que je puisse en profiter un maximum.

La césarienne continue, j’entends les discussions et je comprends qu’ils me retirennent mon fibrome. Ce n’était pas prévu puisqu’on m’avait dit qu’il y avait plus de risque d’hémorragie. Normalement, on devait me le laisser et voir comment il évoluerait dans les mois suivant. J’entends aussi qu’une nouvelle personne est arrivée. C’est un homme et il donne des conseils à l’obstétricienne.
Je commence à me sentir mal, je préviens l’infirmière anesthésiste (l’anesthésiste est partie). Elle me parle, mais je n’entends déjà plus grand chose. J’ai aussi envie de vomir. Peu à peu, je reprends conscience. L’infirmière téléphone à l’anesthésiste et lui demande de revenir parce que mes « courbes » chutent. En effet, ma tension a drôlement baissé et le machin du cœur bipe. Ils me réinjectent quelque chose dans ma perfusion je crois et au fur et à mesure, tout redevient « normal ». Le temps me parait extrêmement long, j’ai tellement envie que ça finisse pour pouvoir retrouver mon Bébé.

La sage-femme est venue me voir pour me donner des nouvelles de Misha qui va très bien. L’anesthésiste a aussi envie que ça finisse « vous avez bientôt fini parce que l’anesthésie ne fera bientôt plus effet ». Cela est plus long que prévu puisqu’ils me retirent le fibrome. L’opération a duré plus de deux heures.

Puis c’est enfin fini, on m’amène en salle de réveil. Je vois Juju assis avec Misha contre lui sous une couverture, je pleure, c’est tellement émouvant. Puis c’est moi qui la prend en peau à peau, mais j’ai besoin d’aide pour la soutenir, je tremble tellement. Elle est si belle, si calme.

Moi qui ai toujours dit que les bébés ce n’était pas beau à la naissance (enfin rarement beau), mon avis change complètement. Est-ce le fait de devenir maman? Ou tout simplement parce que Misha est un « bébé-césarienne » et n’a donc pas subit « le travail » pendant des heures? Elle n’a pas son crâne tout déformé, elle est juste belle et avec des cheveux (comme j’aime).
Nous passons un peu plus de deux heures, tous les trois, au calme. Une aide-soignante m’aide ensuite à la mettre au sein, sans ménagement. Cette mise au sein me parait brutale, Misha dort à moitié et n’en a pas envie. J’ai l’impression qu’on la brusque. Elle finit par tétouiller mon sein, là aussi je suis encore très émue.

Premiers instants ensemble, en sortie de césarienne

Puis vient le moment que je redoutais. On me prévient que la réa vient me chercher et la néonate vient chercher Misha. Je retremble à nouveau, pleure. Les filles ont beau être très gentille et rassurante, rien ni fait. Je n’ai pas envie d’être séparée. Misha est habillée et installée dans son berceau et s’en va. Juju l’accompagne, je trouve ça tellement important qu’on ne la laisse pas toute seule.
On me ramène en réa. Je deviens un vrai légume, complètement absente, dans le vague face à l’horloge. Je suis fatiguée et si triste. C’est vraiment dur d’accoucher (ou plutôt de se « faire accoucher ») et d’être séparée de son enfant.

Plus tard, en fin de journée, ma porte s’ouvre, Juju apparait, avec une dame que je ne connais pas. Et je vois Misha, dans son petit berceau… Un moment plein d’émotion. On m’avait bien dit qu’on me l’amènerait mais je ne pensais pas dès le premier jour. Cette dame qui les accompagne, c’est Marie-Françoise, une auxiliaire de puériculture. Elle est très gentille, très douce. Elle me met Misha près du visage pour qu’elle puisse me voir, prend le temps de lui parler, de me parler. Puis, elle me la pose contre moi. Elle trouve important la relation mère/enfant d’autant plus lorsque les deux sont séparés comme nous. Elle m’explique comment ça se passe en néonat pour Misha…

Misha est nourrie à la seringue puisque je souhaite l’allaiter. Marie-Françoise propose de sortir pour nous laisser tous les trois tranquillement. Nous voilà seuls pendant une bonne demi-heure. Misha est toujours très calme. Posée sur moi, elle cherche le sein à travers ma chemise de nuit. Ces instants passent si vite et me font tellement de bien. Une fois qu’ils repartent, je suis entre deux: entre l’euphorie de ce court moment et entre la prise de conscience de se retrouver à nouveau séparée et seule.

L’équipe de réa est adorable, tout le monde est venu me féliciter. Les filles sont toutes allées voir Misha quand elle repartait et celles qui l’ont ratée me demandent des photos.
On commence à me parler de partir au service endocrinologie. Mon hypercalémie viendrait surement de la thyroïde. Ils ont d’ailleurs réussi à faire baisser mon taux de calcium avec le sérum phy et un médicament. Au final, j’apprends que je serais transférée le lendemain en médecine interne. C’est à ce moment là que l’on m’explique que le service endocrinologie se trouve à l’hôpital Nord-Laennec (c’est à dire à St Herblain, dans un autre CHU). Ils se sont arrangés avec leur service pour se mettre en lien et que je puisse rester à Hôtel Dieu (et ne pas être séparée plus de Misha). Mon « cas » doit être intéressant ou surprenant puisque dans la nuit, un interne vient voir mon dossier pour regarder « son taux à 3,5 quand même »!
L’aide-soignante et l’infirmière de nuit me proposent un massage. J’accepte volontiers, elles me massent donc les jambes et le dos. L’équipe du lendemain m’en fera aussi un. Dans la matinée, j’ai un « point » qui me fait mal dès que je bouge un peu et qui me gêne pour respirer. Cela passe doucement dans l’après-midi.
On m’annonce que la néonat à téléphoner, ils vont essayer de venir avec Misha après son biberon si elle n’est pas trop fatiguée. J’attends donc avec impatience, sans savoir quand elle va arriver et si elle va vraiment venir. Et puis je vois la tête de Marie-Françoise à l’entrée de ma chambre, quel soulagement et plaisir!. Elle prend toujours le temps de me montrer Misha, de la mettre près de moi pour que Misha puisse aussi me voir. Elle me l’installe ensuite contre moi et nous laisse nous retrouver tranquillement. J’apprécie sa douceur, sa gentillesse et sa discrétion.

Avant mon transfert, les filles qui se sont occupées de moi viennent me dire au revoir et me souhaitent bonne continuation. Me revoilà à voyager, en lit (je suis toujours alitée) dans tout l’hôpital pour aller au service de médecine interne. Je tremble encore beaucoup (et pleure aussi). Je quitte un service ou tout le monde était très gentil pour aller je ne sais où et être toujours séparée de ma fille.

En médecine interne, je partage ma chambre avec une dame. Et cette fois-ci, il y a une fenêtre dans la chambre, je vais donc savoir quand est-ce qu’il fait jour ou non! Je rencontre de nouvelles infirmières/aide-soignante et une interne. J’ai droit à une batterie de questions de sa part: Est-ce que j’ai pris des compléments en calcium? Est-ce que mon état a changé ces temps-ci? Avez-vous mal aux os? Jamais? Des antécédents familiaux?…

Mais je ne corresponds à rien, pas de changements particuliers. Personne ne comprend d’où vient mon hypercalcémie. Et pour avoir été si forte sans que je ne m’en rende compte, elle devait déjà être présente. Le seul changement que j’ai noté, c’est le fait de boire beaucoup. J’ai d’ailleurs toujours beaucoup bu (de l’eau bien sure), mais pendant ma grossesse, je pense que je buvais au moins 6/7 litres d’eau par jour! Au final, je pense que c’était la façon que mon corps avait trouvé pour combattre le calcium puisque c’est exactement le traitement qu’ils m’ont donnée. Des litres et des litres de sérum phy en perfusion pour diluer mon sang.
Dans ce nouveau service, on m’explique aussi que Misha pourra venir me voir (mais ce n’est pas très adapté pour un bébé) ou qu’ils essayeront de m’y amener (en lit). J’ai l’impression que ça ne va pas être facile de voir Misha.
Je passe ma journée à attendre. Juju passe me voir, me donne des nouvelles de Misha et me montre des photos d’elle et de sa chambre. Salomé passe me voir, Fred aussi, cela me change un peu les idées mais je suis aussi très fatiguée.

Je tire aussi mon lait toutes les 4/5 heures avec le tire-lait électrique que l’équipe de réa était aller me chercher au lactarium. Mais je me sens bien seule dans ces moments-là, moi qui voulait allaiter, je me retrouve à tirer mon lait, loin de ma fille. Je ne peux pas non plus lui donner à cause des médicaments. D’ailleurs, en néonat, ils ont fini par la passer au biberon, cela devait être compliqué/long avec les seringues. Lorsque je tire mon lait, je me demande toujours si quand on sera à nouveau ensemble, elle aura l’envie et la force de prendre mon lait. J’ai de gros doutes là dessus…
Les équipes me soutiennent assez, j’ai même une infirmière qui me propose de me réveiller la nuit pour que je tire mon lait. Sauf que je ne le tire pas la nuit (et j’épargne ma voisine du bruit du tire-lait).

Mon deuxième jour en médecine interne commence par une grosse douleur dans l’abdomen. Mon « point » est revenu et en plus fort cette fois-ci. On m’envoie faire une radio et un échographie pour essayer de comprendre d’où cela vient. Je voyage donc à nouveau en lit dans tout l’hôpital. Au final, il s’agirait de poches d’airs qui se baladeraient dans la zone péritoine (suite à ma césarienne). Je suis un peu septique, ce point, il m’arrive de l’avoir (moins fort quand même) la nuit depuis plusieurs années quand je dors sur le côté.
On me parle aussi de faire un scanner dans la journée pour mon hypercalcémie. Au final, je ne ferais pas le scanner durant mon séjour mais un rendez-vous sera fixé pour le mois d’août.

Je suis toujours alitée et ne me sens pas la force et la capacité de me mettre debout.  Ce n’est pas évident à vivre de devoir toujours faire appel aux aides-soignantes et infirmières. Je suis donc complètement dépendante du personnel.

Dans l’après-midi, ma petite Misha vient me voir à nouveau. Au même moment, l’interne vient me voir pour m’annoncer: « demain (jeudi donc) vous allez pouvoir aller au service maternité ». Je n’y croyais plus et je demande bien la confirmation « je vais en maternité et je serais AVEC Misha? », oui c’est bien ça! Heureusement que Fred était aussi présent à moment-là parce que j’ai vraiment du mal à y croire. L’émotion est à nouveau très forte, j’avais l’impression que ça n’arriverai jamais!!
Marie-Françoise m’installe ensuite Misha en peau à peau contre moi et nous laisse toutes les deux. On restera ainsi une bonne heure, ce moment est si agréable, si doux et hors du temps. Je me sens bien et Misha parait aussi très bien, calme et détendue. Marie-Françoise avait amené un biberon pour Misha, je demande donc à lui donner. Cela m’impressionne, le lait coule tout seul et si vite. Comment pourra-t-elle ensuite avoir la force et l’envie de prendre mon lait? L’allaitement me parait de plus en plus compromis. Mais j’essaie de penser au lendemain où nous allons enfin être réunie…

Je n’attends qu’une chose, être transférée en maternité. La soirée est un peu longue, la nuit toujours aussi désagréable (beaucoup de bruit, de cris dans le service, tandis qu’en réa, c’était les bruits de mes bips et des branchements des machines). Le lendemain, une jeune aide-soignante vient me voir pour savoir comment je me lave.

Pour le moment, on me lavait au gant et avec une bassine, mais je lui explique que je me sens très sale (principalement des cheveux, je n’ai pas encore pu me les laver). Elle me propose de me faire une douche/brancard. J’ai apprécié ce moment, mais aussi le fait qu’elle ai pris le temps de le faire (cela demande plus de temps et d’organisation et de temps). Cette douche m’a fait un bien fou, je me suis sentie propre mais au delà de ça, ça m’a redonné un coup de peps! Ca sera d’ailleurs le premier jour où je m’habille (d’autres choses que leur chemise de nuit et des bas de contention).
Et le matin, il y a aussi cette infirmière très gentille qui s’occupe toujours de contacter la néonat pour me donner des nouvelles de Misha et voir quand est-ce qu’elle peut venir me voir. Je la remercie beaucoup et souvent, elle « s’implique dans mon cas ». Mes prises de sang/prises de tension/ECG multiples et fréquentes me paraissent moins pénibles. Elle me fait sourire et rend le séjour en médecine interne plus facile et agréable. Ce n’était pas gagné pour autant puisque la première fois qu’elle était venue me voir, elle m’avait demandé comment s’appelait ma fille et m’avait fait pleurer (oui, je crois que j’étais incapable de parler de Misha, de la néonat sans pleurer). La veille elle est discrètement passée pour rencontrer Misha lorsqu’elle était venue me voir.
L’après-midi, avant mon départ, elle me propose de prendre du temps pour m’aider à me mettre debout, m’expliquant qu’en maternité ils allaient me booster et qu’ils ne me laisseront pas beaucoup le temps de prendre mon temps. Avec elle, j’essaie de me mettre debout. Tout doucement, je me sens très faible et ne tient pas longtemps. Ce n’est pas gagné.

J’ai aussi le droit à la visite du Professeur, de l’interne et stagiaires. Ils ne comprennent pas d’où vient mon hypercalcémie. Cela peut venir de la thyroïde, de cancer ou de granulo-quelque chose… Il faut attendre que je fasse un scanner et je dois continuer à faire des prises de sang pour surveiller mon taux.

Et dans l’après-midi, alors que je tire mon lait, un brancardier arrive:  » ça y est, c’est le départ! ». Il est quasiment 16 heures et je vais enfin être avec Misha, il ne m’en faut pas plus pour pleurer à nouveau. Le sac sur mon lit, le tire-lait derrière et nous quittons le service de médecine interne. Je quitte une super équipe (et principalement une infirmière que j’apprécie) qui a toujours été très gentil avec moi et je vais être avec ma fille. J’attends ce moment depuis 4 jours! Je suis heureuse et j’ai à la fois un peu peur.

Misha va-t-elle bien vivre ce changement? Et surtout est-ce que je vais être à la hauteur avec ma fille que je ne connais au final que très peu? Juju qui est jusqu’à présent tout le temps avec elle (il dormait aussi avec elle en néonat), il a déjà trouvé sa place auprès de Misha. Vais-je réussir à trouver la mienne? Tout cela me fait pleurer (et je crois que l’infirmière est aussi à la limite), j’ai d’ailleurs l’impression de pleurer tout le temps depuis que je suis arrivée au CHU.

Je retraverse tout le CHU en lit pour arriver en maternité. Lorsque l’on passe devant le service néonat, je pleure à nouveau. Ma petite est donc là depuis qu’elle est née…
Le brancardier m’installe dans ma chambre, une chambre vide… Misha et Juju ne sont pas encore là…

Petite pause dans l’écriture, ce n’est pas évident d’écrire tout ça… La suite dans un prochain message.

46 réflexions au sujet de « ★ Passer du service maternité au service réa: la naissance de Misha ★ »

  1. c’est très émouvant !! j’ai essayé d’être le plus présente possible pendant cette épreuve, mais ce n’est qu’en lisant ton article que je me rends réellement compte à quel point ca du être dur pour toi (et uju et Misha aussi).
    profitez bien des vacances de Juju
    Soeur

    • Merci P’tite soeur pour ton gentil commentaire!
      Tu as été très présente pendant cette période. Tes messages, tes visites et tes cadeaux (je n’en ai pas parlé ici, mais je compte en reparler plus tard) m’ont tenue compagnie!
      Après, pour ce qui est des visites, il ne m’en fallait pas plus, ça me fatiguait énormément… surtout quand tu me faisais rire 😉
      Bon courage à toi pour ta dernière semaine de travail avec tes vacances!

  2. ba qu’est ce qu’elle en a du blabla à dire tata depuis qu’elle a eu Misha! (dixit Liam)
    Bon moi, j’étais pas là, pour nous c’était compliqué d’être rassurée par ton état, d’ailleurs c’est bien, on sait toujours pas ce que tu as! Peut être tu es juste une ivrogne de l’eau! à demain

    • Merci Liam pour cette remarque pertinente! En effet, j’en ai des choses à dire ou plutôt à écrire!! 😉
      Personnellement, mon état ne m’inquiétait pas, ça n’avait pas grand importance, ce qui m’importait, c’était de retrouver Misha.
      Au niveau santé, je n’ai jamais trop posé de questions, sur les nombreuses prises de sang que l’on me faisait dans la journée, sur les probables résultats, sur ce qu’ils cherchaient, ce qu’ils trouvaient… De toute façon, j’ai eu beaucoup d’informations mais mon état de fatigue fiasait que je ne retenais strictement rien.
      Et en effet, au final, je suis sortie du CHU sans savoir ce que j’ai alors qu’ils disaient qu’il fallait vraiment découvrir d’où ça venait…
      Depuis, je rebois beaucoup d’eau, mais juste comme avant ma grossesse (et non les 6 ou 7 litres au moins que je buvais enceinte)!

  3. Bon je comprends qu’il ait fallu attendre pour avoir enfin un message sur ton blog
    Bon tu es sponsorisée par Kleenex ? En tout cas c’est un peu contagieux quand on te lit !
    Maintenant il faut construire avec ces souvenirs très forts qui resteront ainsi toujours présents et feront que cet accouchement ne pourra jamais être oublié ! :mrgreen:
    Au début tu parles d’un EEG, ce n’était pas plutôt un ECG comme la seconde fois ?
    bises émotionnées à vous trois

    • Il m’aura fallu un mois pour arriver à poser les mots. Et encore, ce message ne me plait pas plus que ça. Je trouve qu’il manque beaucoup d’éléments et je n’ai pas l’impression d’avoir réussi à mettre tout ce que j’ia pu ressentir!!
      Je suis en train d’écrire la dernière partie à la maternité. Là non plus ce n’est pas évident!
      Pour le sponsor avec kleenex, ça serait pas mal parce que j’ai fini ma boite du coup!
      J’arrive maintenant à parler de mon accouchement et de notre séjour au CHU sans pleurer systématiquement, mais ça reste encore un peu dur. Je pense que c’est moi qui en ai le plus souffert. Misha parait aller très bien et Juju a su être très présent. Juju a aussi assuré, entre être présent auprès de Misha, passer me voir, passer à la maison chercher des affaires et se laver, se reposer… Il connait aussi très bien le CHU maintenant!
      Pour l’ECG, j’ai changé, je te remercie, je m’étais trompée!

  4. Quelle épopée dis donc et quelles émotions très violentes tu as dû vivre. C’est plus facile à lire quand on sait que toutcela est bien derrière toi!
    J’attends la suite avec impatience 🙂

    • Quelle épopée en effet! Nous qui voulions une grossesse et un accouchement pas trop médicalisé, un peu naturel…rien ne s’est passé comme on le souhaitait! Avec mon fibrome, ma grossesse a été très suivie mais ce n’était rien comparée à tout ce qui s’est passé ensuite!
      Heureusement que tout cela est fini, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai pu l’écrire… Et la suite est en train d’être écrite, mais ce n’est pas facile non plus!!

  5. Tout ça s’écrit au passé, maintenant place au présent et au futur!
    Au moins tu as une histoire différente de la plupart des naissances à raconter à votre puce!
    Vu le peu de nouvelles que nous avions, nous nous doutions bien avec Valérie que tout ne se passait pas comme prévu.
    Belle nouvelle vie à vous trois!!!

    • Merci Aude pour ton message.
      C’est sur que le présent est très agréable, nous profitons de Misha et des derniers jours de vacances de Juju. La vie à trois nous plait bien 😉

  6. Merci Rosa pour ton partage que je guettais 😉
    Je suis très émue (je suis enrhumée 😉 )
    Je suis admirative et Joyeuse de vous voir tous les trois reunis rayonnants de bonheur
    Bises
    Caresse à Misha
    Freddy

  7. Bravo pour l’écriture de cette « épopée » !…très émouvante. Moi qui,jusqu’à maintenant, avais du mal à percevoir l’émotion d’une naissance et le bouleversement qu’amène l’arrivée d’un enfant, j’ai pu le percevoir çà travers ton récit. Et même si en suivant tes péripéties pré-in-post natales, ce qui me semble en ressortir, c’est que l’amour est plus fort que tout, et que c’est cet amour – notamment pour Misha – qui te porte et te rend forte dans tous ces mouvements.
    C’est un beau témoignage. Merci de le partager.

    • C’est sur que l’amour aide a passer beaucoup de choses. C’est ce qui m’a fait tenir quand j’étais seule en réa ou médecine interne.
      Pour ce qui est des émotions, je n’ai pas complétement réussi à écrire tout ce que j’avais envie de faire passer. J’ai oublié des choses et j’ai l’impression que ce texte n’est pas complétement fini!
      Merci pour ce commentaire.

  8. Bravo pour ce récit….. J’imagine que c’est avec bcp d’émotions que tu l’as écrit. Moi j’ai accouché le 10 juillet, cela s’est également mal passé, j’ai dû être réhospitalisée mais j’ai malgré tout eu la chance de rester près de mon plumeau. Depuis j’ai fait quelques billets décousus sur mon blog, mais je ne peux pas encore raconter les choses aussi précisément que toi… http://alameresi.over-blog.com/article-mon-petit-plumeau-a-1-mois-108982802.html

    • Oui avec beaucoup d’émotions, de temps… et de kleenex!
      Avant de réécrire sur mon blog, j’avais besoin d’écrire tout ce qui c’était passé, mais ça m’a pris du temps. Du temps avant d’arriver à l’écrire mais aussi du temps pour l’écrire!
      Félicitation pour ton plumeau et profite bien maintenant…

  9. Coucou Rosa!!
    T’as pas honte de faire pleurer tout le monde???!!! 😉
    En tous cas félicitations, tu me bats haut la main niveau « accouchement pourri »!
    Je suis ravie de vous savoir réunis tous les 3.
    tu veux pas écrire un livre? lol sans déconner t’es plutôt douée pour écrire et faire passer tes emotions…
    Gros bisous
    PS: J’ai hâte de voir Misha
    Camille

    • Salut Camille,
      Je n’y suis pour rien si les gens sont très émotifs 😉
      Pour l’accouchement, on n’a qu’à lancer le concours des accouchements pourris! Cela dit, l’accouchement en lui-même ne me laisse pas un souvenir pourri, au contraire!
      Pour ce qui est d’écrire un livre… hum non 😉 Cela dit, ma petite soeur m’a imprimé toute la partie de ma grossesse de mon blog et me l’a reliée! Un cadeau super sympa que j’ai très apprécié (j’en reparle bientot d’ailleurs).
      Je passe la semaine prochaine à la crèche vous présenter Misha… quel jour est le plus adapté?
      Bisous à toi et toute ta famille et profite bien de tes derniers moments de vacances!

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  19. Je le savais avant même de commencer que j’allais pleurer … Nous avons arpenté les mêmes couloirs 😉 Je n’avais d’ailleurs aucune idée de ce que vous aviez vécu et je te trouve bien courageuse d’arriver à en parler. Pour le moment, je n’y arrive pas encore, juste par bribes. Je vais faire une pause, désembuer mes lunettes et aller lire la suite …

    • Je peux te dire que moi aussi j’ai pleuré en l’écrivant ce message!!! Mais j’avais vraiment besoin de l’écrire pour pouvoir avancer ensuite. Je suis toujours passée par l’écrit et quand ça ne va pas, ça m’aide bien. J’ai quand même mis un mois avant d’arriver à écrire tout ça et je l’ai écris en plusieurs jours (avec mes mouchoirs à côté). Après les avoir écrit, je me suis sentie un peu plus sereine et je pouvais y repenser en pleurant un peu moins!
      Je connais maintenant très bien les couloirs du CHU (maternité/réa/salle accouchement/radio/scanner/médecine interne/….), j’en ai fait des voyage allongée dans mon lit 😉

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